Première hypothèse : il revient à l’État composé de citoyens vertueux de faire régner la justice…

Nous avons examiné une première hypothèse : si l'humanité dément le pessimisme d'Hésiode, alors ses membres pourraient se montrer assez raisonnables et justes, en un mot, vertueux, pour ordonner avec justice leur vie commune. Il y aurait alors dans l'humanité comme une part de justice divine. Les êtres humains sauraient instaurer le règne de la justice, à la fois entre eux par la loi, et en eux par leur vertu individuelle, en sachant se guider d'après une idée vraie de la justice.

Certes, dans une communauté réduite, rendre la justice n'implique pas nécessairement l'existence d'un État, au sens d'une organisation permanente et spécialisée du pouvoir. En témoignent les expériences anarchistes, et surtout ces sociétés traditionnelles dites sans État : celles qui refusent consciemment l'établissement d'un pouvoir personnel permanent, où le chef n'est qu'un médiateur. Mais nous sommes partis de la Cité, l'État constitué par l'assemblée des citoyens.